C'qui faut pas dire
J’écoutais ce matin des conseils radiophoniques pour les
vacances d’hiver qui s’approchent à grands pas. Notamment en cas de voyage
amoureux en zone montagneuse.
Bon, déjà, je n’ai pas eu l’occasion de partir en amoureux à la
montagne.
A une époque lointaine, il s’agissait de déplacements en groupe,
de jeunes qui se fendaient la gueule au sens propre et au figuré. Qui a dit
orgiaque ? Non, ce n’était pas à 12 dans un appartement de 6, à manger des
pâtes, de la purée, des raviolis arrosés au Malibu et Whisky coca. Où allez
vous penser que nous hululions à la nuit tombée sur les balcons et que nous
dévastions les auberges de montagnes pendant une raclette ?
Peu importe que votre imagination débordante engage mes
souvenirs sur des pentes scabreuses, l’essentiel était que nos organisations ne
supportaient que difficilement la vie en couple. A moins que ce ne fût
l’inverse et que les pauvres gens acoquinés d’un grognard ou d’une euh, d’une
ben, une dame, ne préféraient s’isoler là où les jeunes filles ne tonnaient pas,
entassées duvet sur duvet et où les jeunes hommes ne pétaient pas dans un
concours -de circonstances- (si) (mais si).
Peu après ces aventures sportives -quelques années ont passées-, j’eus une femme, un enfant puis deux
à ne savoir qu’en faire sur une piste de ski (la famille est un frein pour ces
athlètes qu’on appelle ‘spatules stellaires’).
Et les vacances en-chalet-ée d’enfants de moins de six ans,
autant trouver une rivière forestière pour se promener à côté plutôt qu’une piste
noire bosselée (comme John [1]).
Bref, le fait est que je n’ai donc pas eu l’occasion de me lever enfariné d’un lit en peau de pin savoyard face à une chère et tendre avec une haleine emboucanée de marmotte hibernée post-fondue savoyarde, je ne lui ai jamais montré ma poétique méthode pour enfiler une combinaison molletonnée épaisseur triple qui empêche le froid de rentrer et la sueur de sortir, je ne lui ai jamais présenté l’artistique sautage de l’ange avec triple vrille du tarin à l’atterrissage, je ne suis jamais tombé d’un tire-cul (qui laisse une trace sale ou humide là où il faut) devant elle en m’assommant avec la rondelle vide suivante.
J’ai gardé ma dignité. Je n’ai pas exhibé mon bronzage à masque
solaire intégré, ni ma coupe de cheveux après portage de bonnet aérodynamique. Je
n’ai pas fait brûler la peau de grizzli devant la cheminée, ni glissé sur le
verglas avec mes chaussures de ski, je n’ai pas fait séché mes chaussettes sur
le radiateur après une journée de sport intense à forte vitesse, ni me suis
battu avec ce con de jeune qui resquille dans la file du télésiège.
Et puis, le froid n’aide à la métrique du zizi bien que les
tétons pointent (enfin, les miens, je m’en bats l’œil avec une pelle à tarte
personnellement). Je n’ai jamais badigeonné mes lèvres délicatement gercées
avec du stick fluo rose.
Toutes ces choses dont ma femme est protégée grâce à mon
extraordinaire sens du devoir.
Le grand va avoir 6 ans, il va bien falloir tenter de le mettre
sur des planches dans un parc à nains (avant de partir en courant et laisser le
moniteur aviné se charger des têtes blondes).
La petite attendra un petit peu plus longtemps (cela s’appelle
un sursis).
Un jour viendra où je remontrai sur des skis mais ma femme n’est
pas encore prête pour cela.
Et puis, les séjours romantiques à la montagne, c’est très
surfait de nos jours.
[1] Référence à trouver. C’est drôle, c’est de l’humour féminin (en plus).