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Le Bar Nabé
16 janvier 2006

D’ac, pas d’ac-ar

Cela me fait penser à ces nouveaux aventuriers qui vont grimper le Mont Blanc en sandalettes avec quinze compagnies de chasseurs alpins chronométrés (horloge nucléaire suisse) et sous perfusion de GPS. Mais, qu’ils disent, ce sont des aventuriers de l’absolu, ils vont se perdre dans l’immensité blanche d’une poudreuse qu’ils sniferont plus tard et ils vont patauger dans l’immaculé (toi-même !) espace vierge de pas humains naturophiles. 

Mais ce ne sont pas les montagnes inaccessibles qu’ils admirent cette fois ci, mais le désert à perte de vue, le sable qui étouffe les radiateurs, les dunes qui enlisent les 4x4 surmotorisés (pour maintenir la température de leurs trous du cul à 37,3° sous caleçon bout filtre), les cailloux et rochers ardus qui crèvent leur pneus crénelés, les nuits étoilées sous leurs feux de camps qui résonnent de chansons paillardes publicitaires. 

060115174155Ah ils sont beaux ces sportifs reconvertis, ces artistes Staracadérisés, ces hommes recouverts de sueurs comme de désodorisants encore frais de leurs dernières réclames, ces bourrins des chevaux mécaniques.
Que n’haïs-je donc pas plus ces fauteurs troubles que tous ces autres humanoïdes décérébrés qui se disent con-courir pour la beauté du sport et des paysages qu’ils saccagent. 

Comme des canettes ou des conserves vides laissées sur un pic himalayen ou alpin, vous abandonnez vos dommages collatéraux derrière vous.
Et ces accidents, vous les oubliez devant votre coupe de mousseux tiède sous couvert du ‘c’est pas vous’ mais ‘c’était une aventure humaine formidable’.
Comme s’ils n’avaient pas assez de la sécheresse, du SIDA, des autres fièvres endémiques, des guerres de clans ancestraux, de la mondialisation, il faut que vous veniez éclater sur vos pare-brises et buffles ces villageois d’Afrique en traversant leurs territoires comme des pilotes stock car en pleine foire du trône.

C’est la fête.
Ces gens sont contents, cela fait de l’animation, du divertissement, ils gagnent au passage, comme après une caravane du tour de France, quelques sachets de cacahuètes et autres bidons sponsorisés. Vous croyez les acheter ? Vous donner bonne conscience en pérorant que ce rallye apporte des biens à des populations pauvres ? 

Qu’allez vous dire aux parents effondrés qui avaient réussis à élever leurs gamins dans des conditions que vous ne connaîtrez jamais, qui leur avaient permis, par chance, d’éviter les causes de mortalité infantile innombrables ?
Qu’allez vous leur dire en dégageant de votre pare-choc leurs enfants qui venaient vous saluer ou tout simplement traversaient la rue d’une hutte à l’autre, comme tous les jours ?
Je suis curieux de connaître votre alibi. Ne me ressortez pas ‘je suis désolé’, ça ne marche plus. Ces accidents arrivent tous les ans, cela devient des meurtres avec préméditations.
Mais rien n’y fait, la caravane passe, toujours plus vite.
Dire que ce sont souvent les camions d’assistance pour motards perdus qui percutent les ‘sauvages’. C’est risible. 

Deux morts cette année. Un seul motard s’est planté le nez dans le sable, l’Afrique a encore gagné le combat. 

Renaud avait raison dans sa chanson. Elle date de 1991, depuis 15 ans, non, non, rien a changé. 

Cinq cents connards sur la ligne de départ
Cinq cents blaireaux sur leurs motos
Ça fait un max de blairs
Aux portes du désert
Un paquet d'enfoirés
Au vent du Ténéré

Le rallye mécanique
Des Mad Max de bazar
A r'commencé son cirque
Au soleil de janvier

Vont traverser l'Afrique
Avec le pieds dans l' phare
Dégueulasser les pistes
Et revenir bronzés

Ravis de cet obscène
Et pitoyable jeu
Belle aventure humaine
Selon les journaleux

Cinq cents connards sur la ligne de départ
Cinq cents couillons dans leurs camions
Ça fait un max de blairs
Aux portes du désert
Un paquet d'enfoirés
Au vent du Ténéré

Passe
la caravane
Et les chiens n'aboient plus
Sous les roues des bécanes
Y a du sang répandu

C'lui des quelques sauvages
Qui ont voulu traverser
Les rues de leurs villages
Quand vous êtes passés

Comme des petits Romel
Tout de cuirs et d'acier
Crachant vos décibels
Aux enfants décimés

Cinq cents connards sur la ligne de départ
Cinq cents guignols dans leurs bagnoles
Ça fait un max de blairs
Aux portes du désert
Un paquet d'enfoirés
Au vent du Ténéré

Combien d'années encore
Ces crétins bariolés
F'ront leur terrain de sport
D'un continent entier

Combien d'années enfin
Ces boufs sponsorisés
Prendront l' sol africain
Pour une cour de récré

Dans leurs joutes odieuses
Les bonbons bien au chaud
Au fond de leurs délicieuses
Combinaisons fluos

Cinq cents connards sur la ligne de départ
Cinq cents blaireaux sur leurs motos
Ça fait un max de blairs
Aux portes du désert
Un paquet d'enfoirés
Au vent du Ténéré

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Commentaires
B
Ben si tout le monde est d'accord alors, tournée générale !<br /> Pis après, on prend le volant et on va leur montrer à ces faux sportifs comment on roule sur le sable (option Paris-Plage attende cet été).<br /> <br /> 4: Je préfère ne pas le savoir<br /> C4l1m3r0: Accepté !
C
Forcément quand les maux tôt portent les maux tard...<br /> Désolé...mais je suis evidemment d'accord.
4
riiiiiiiiiien à voir avec la note que j'aime beaucoup, mais quand est-ce que les petits bloguent ?
R
Ah que c'est bien dit ! <br /> (zut, v'là que je cause comme Johnny maintenant...)
K
Oui, à verser sur le compte des bienfaits du colonialisme sûrement, non ?<br /> <br /> Pour rester dans le ton question caravane publicitaire, je fais ma pub !<br /> LIEN UTILE sur le....sport !<br /> http://numberk.canalblog.com/archives/2005/12/20/1132555.html<br /> <br /> "K"
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