Bloguons nous vivants
J’apprends au contact de la lecture, je me nourris des
histoires des autres. Je vois un ailleurs différent.
Il y a une approche sociale à se partager ces textes. Pas
uniquement futilement.
Oui, il suffit de s’en passer parce ce ne sont que des électrons
qui alimentent l’appareillage. Ça n’a pas de vie, un électron ?
Plus les années passent, plus nos univers se confinent, se
rétrécissent à un certain nombre de sphères intimes ou professionnelles. Et
puis après ?
C’est la sélection contrôlée.
L’inattendu peut surgir au détour d’une allée de supermarché ou
sur un canapé d’une soirée, d’une rencontre professionnelle, mais tout tend à s’affiner,
mais la peau de chagrin sociale diminue à vue d’œil.
La richesse de rencontres des années lycéennes ou étudiantes est
moins spontanée aujourd’hui.
Est-ce vrai ? Il suffit de rester ouvert pour que tout
continue, mais mon temps est grignoté.
Je continue pourtant de m’enrichir.
Et puis il y a ces blogs.
J’ai écouté
lu des auteurs qui m’ont rendu peut-être meilleur sous certains aspects
(rassurons nous, il y a encore du travail).
Un notamment dont le recul et la sagesse d’analyse sont importants
dans l’approche humainement perfectible de certains sujets (mais ça n’empêchera
pas tout).
Une aussi dont le naturel vivant me rapproche de la nécessité à
vivre sans contrefaçon ses sentiments.
Un qui sait s’investir honnêtement sur ce qui lui tient à cœur
sans de réelles concessions. Une qui se dispute elle-même pour le meilleur et
qui scénarise, un qui comprend vite et bien avec talent, une à fleur de peau
qui vit loin de ses racines, une qui vit intensément sa vingtaine, un qui ne
sait pas encore là où il souhaite aller, un qui possède une formidable nature
pour défendre celle avec un grand ‘N’, des pères et des mères, nouveaux,
habitués, des parisiens et provinciaux, des d’autres pays, des qui s’aiment,
des qui râlent, des qui crient un surplus, des qui dessinent, des qui poétisent.
J’apprends des bonheurs et des malheurs qu’il ou elle me donne
l’impression de côtoyer, suffisamment pour se réjouir ou s’inquiéter. Pour réagir.
Il y a deux aspects. La vraie vie n’est pas dans l’univers des
blogs. Parait-il.
C’est bien connu, les réseaux informatiques renferment sur soi.
Ils ne doivent pas remplacer les vraies rencontres.
Et pourtant, quelle richesse.
Vous observez comme les carnets se développent, comme ils
offrent des moyens accessibles à d’autres rêves.
Et si cela ne durait qu’un temps, si cela n’était que naïveté ?
C’est bien d’être naïf, pendant que le naïf est en l’air, il vole plus vite.
Comme disait le philosophe François Valéry : « Aimons
nous vivants, n’attendons pas que la mort nous donne du talent ».
Bon, je suis crevé là.