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Le Bar Nabé
8 février 2006

Contrat à durée électorale

Je ne savais pas si je devais être d’accord ou non avec le Contrat Première Embauche.
Après des études aussi intéressantes que non abouties, je me trouvais rasé de près au sortir du service national et au chom’du.
J’ai donc commencé en bas de l’escabeau et les rhododendrons de Disneyland Paris s’en souviennent encore. De missions intérim aux CDD qui n’avaient d’autres intérêts que de me permettre de m’installer en F3 seine et marnais avec la future mère de mes enfants, je faisais un trou dans le monde du travail.
Je repassais à la case départ d’une formation professionnelle aussi fausse qu’efficace et aboutissais au bout d’un stage à un CDI dont la fonction était aussi éloignée de mes aspirations estudiantines que Madonna l’est de sa petite culotte un soir de concert.
J’avais le pied dans l’étrier. 

Le CPE doit permettre dans mettre les pieds d’une foultitude de jeunes dans les étriers d’une moultitude d’entreprises.

Aurais-je été heureux il y a 10 ans avec un CPE ? 

Oui, parce qu’à défaut d’autres choses, c’était un contrat de deux ans qui m’aurait apporté une formation intéressante à poser sur un CV, plus que quelques missions intérims et autres CDD. La ligne aurait plus conséquente à vendre auprès du prochain employeur.
Oui, parce qu’au sortir de l’école ou de l’université, il faut appréhender le monde de l’entreprise et que tout est bon à prendre. Oui, parce que mieux que rien. Bref, voilà le même argument décliné 3 fois. 

Oui aussi parce dans la nouvelle donne professionnelle du 21ème siècle, il faut accepter que les nouveaux travailleurs soient mobiles (7 ou 8 entreprises dans une vie professionnelle contre 1 ou 2 pour nos parents) et que ce sont les changements qui accroissent nos qualités de tout ordre, notamment adaptatives aux environnements de travail.
Oui, parce qu’un jeune reste un jeune et un jeune, même frais de l’université comme c’était mon cas, ne sait absolument rien faire.
[Nous parlons ici du CPE avec le système de formation de l’Education Nationale actuel, nous ne refaisons pas l’approche que devrait avoir les ministères de l’Education Nationale et du Travail vers le monde professionnel, ce qui est l’élément essentiel du dossier dont personne ne parle : si le système éducatif formait réellement à un métier, le CPE n’aurait peut-être pas lieu d’exister]. 

Le CDI ne tombe plus du ciel comme une évidence. Ce n’est sans doute pas un hasard si lors de mes contrats de précarité pré-CDI, certaines entreprises ont voulu me proposer un CDI. Parce que je me faisais exploiter, que je l’acceptais et que l’entreprise avait réagi positivement à mon dévouement.
Pour accéder à mon CDI après mon stage en entreprise, j’ai travaillé quantitativement bien plus que les CDI du service auquel j’étais affecté (ce qui faisait grincer des dents d’ailleurs), je me rappelle même de la dernière journée de mon stage qui s’est achevée à 4h du matin pour une sombre raison de reporting à envoyer à la holding. Je n’étais pas payé.C’est de l’abus, c’est vrai, mais je l’ai accepté parce que je voulais prouver ma valeur et mes compétences sans attendre qu’une entreprise se disent ‘peut-être que’ en me regardant dans les yeux d’un CV commun. Ce CDI, dans ce système de formation actuel, j’ai été le chercher aux forceps. Toutes les autres années depuis ne sont qu’anecdotiques car j’en tire les fruits aujourd’hui.

 

Mais non, le CPE n’arrangera rien de concret sauf faire patienter la courbe du chômage jusqu’aux prochaines élections.
Car je pense que l’entreprise qui trouvera un bon CPE ne voudra pas s’en séparer au bout de deux ans tandis que s’il s’agira d’un fumiste, elle souhaitera s’en séparer avant ces deux ans. Oups, pardon, je suis politiquement incorrect, il est bien connu que tous les chercheurs d’emplois actuels ne sont pas des fumistes. Bien sûr que non.
Ils sont tous prêts à faire valoir leurs droits pour 3000 € par mois dès le premier contrat parce qu’ils le valent bien.
Le CPE n’apporte rien de plus qu’un CDD ou qu’un contrat d’intérim sauf pour le ‘jeune’ qui se fait une expérience plus conséquente. Il est toujours en précarité, toujours gêné vis-à-vis de ses demandes de crédit, etc…
La personne à la recherche d’un premier emploi est-il prêt à faire une concession ?
Le monde du travail a changé. Peut-on revenir en arrière aujourd’hui ? 

Dans ce monde de la facilité, quelle est la nouvelle limite de ce qu’un ‘jeune’ peut accepter pour un premier emploi ?
Quelque chose me dit que cette limite a été nettement abaissée depuis plus d’une dizaine d’année à cause de discours politiques et télévisuels abrutissants. 

Je préfère penser qu’on recueille toujours le fruit de son travail à un moment donné. Je suis utopiste mais je songe à mes parents et mes grands-parents qui sont partis de rien, d’absolument rien et en qui je dois d’être là aujourd’hui.
Mais il est vrai qu’à eux, on ne leur avait rien promis. 

Je ne suis donc pas forcément le bon exemple.
Le CPE ne changera rien mais il y contribuera (cette phrase ne veut rien dire).

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Commentaires
H
Faudrait préciser la consigne m'sieur. Paske des écoles y'en a plein. Est ce qu'on parle de l'enseignement secondaire ? du général ou du professionnel ? de l'enseignement supérieur ? <br /> <br /> (de toute façon moi j'ai trop la crève pour réfléchir)
A
et la voilà la vraie question <br /> <br /> ... et dire que j'enseigne une matière fondamentalement inutile !<br /> <br /> vous avez deux heures, je ramasse les copies à la fin.
B
Merci à tous.<br /> <br /> Ben si en plus, au bout du compte je suis d'accord avec tout le monde.<br /> (non non ce n'est pas démago)<br /> <br /> Avec un sujet intéressant à traiter pour l'école: demande t-on uniquement à l'école d'instruire ?<br /> N'est-elle pas une préparation nécessaire à l'entrée dans la vie active ?
A
C'est voté.<br /> <br /> Je suggère un grand pow wow autour de gâteau au chocolat pour enterrer les dernières illusions des uns et des autres, même si quelque peu différentes.
S
La différence avec un CDD, c'est qu'un contrat CPE peut se terminer sans préavis et sans même que l'employeur soit obliger de donner un motif à la fin du contrat...<br /> c'est pour moi pire qu'un CDD où la fin est connu et permet d'anticiper pour une nouvelle recherche d'emploi.<br /> Ce qui arrange bien le patronat me direz-vous !!! plus de raisons valables à fournir à l'employé...<br /> c'est plutôt destabilisant pour un jeune de ne pas connaitre le motif de son "renvoi", surtout que la suspition pesera ensuite sur lui lors de nouveaux entretiens d'embauche, pourquoi son contrat a t-il pris fin ? pas assez de travail pour tout le monde et licenciement de type économique ou cette personne travaille mal ?<br /> <br /> <br /> Surtout dans une période où sois disant l'emploi revient et beaucoup de départ à la retraite sont attendus !<br /> <br /> Alors que le harcelement moral est en progression dans toutes les branches, voilà encore un moyen de pression sur les jeunes ...
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