Titre trusté
-C’est qui cette chanson ?
- Ah.
- Je te vois bien danser sur cette musique.
En trois phrases indécises, elle m’a rappelé que ceux qui
écoutaient Trust à l’époque ne voulaient rien avoir à faire avec ceux qui
écoutaient Téléphone.
Ceux qui adoraient Téléphone regardaient avec dépit les
adulateurs d’Indochine.
Les groupes de Scorpions, Metallica et plus encore Iron Maïden
se divisaient souvent. Bien sûr que ce n’était pas pareil, rien ne se
ressemblait, le message qui nous semblait être véhiculé ne rappelait aucun
autre.
Bon pour Indochine, je suis d’accord, je parle là de musique.
Mais comment expliquer à un adolescent du même âge que j’avais
fini par aimer les années 70 et 80 de Sardou, que j’écoutais le début de Goldman
pendant que s’opposaient de vrais rythmes et vrais textes plus rocks et
revendicateurs. Alors j’ai aussi fini par aimer le hard rock non concessionnel
de ma décennie boutonneuse. C’était bien.
N’empêche que les stéréotypes staracadémisés des années nouvellement millénaires font trop vite oublier ce qu’on doit aux précédentes dizaines d’années. Je me suis demandé si nous n’avions pas finalement fait le tour de la création musicale, si tout ce qui sort actuellement et sortira ne sont pas de faibles déclinaisons de références reconnues.
L‘artiste finit toujours par se faire influencer, consciemment
ou non.
Un doute m’éprend soudainement.
Et si les références musicales des artistes 2030-2050 se
trouvaient parmi nous actuellement ?
Oups.
Oh, ça n'a pas si mal vieilli finalement ces paroles:
Trust - Antisocial (1980)
Tu bosses toute ta vie pour payer ta pierre tombale,
Tu masques ton visage en lisant ton journal,
Tu marches tel un robot dans les couloirs du metro,
Les gens ne te touchent pas, il faut faire le premier pas,
Tu voudrais dialoguer sans renvoyer la balle,
Impossible d'avancer sans ton gilet pare-balle.
Tu voudrais donner des yeux a la justice
Impossible de violer cette femme pleine de vices.
Antisocial, tu perds ton sang froid.
Repense a toutes ces annees de service.
Antisocial, bientot les annees de sevices,
Enfin le temps perdu qu'on ne rattrape plus.
Ecraser les gens est devenu ton passe-temps.
En les eclaboussant, tu deviens genant.
Dans ton desespoir, il reste un peu d'espoir
Celui de voir les gens sans fard et moins batards.
Mais cesse de faire le point, serre plutot les poings,
Bouge de ta retraite, ta conduite est trop parfaite
Releve la gueule, je suis la, t'es pas seul
Ceux qui t'enviaient, aujourd'hui te jugeraient.