Rentre dans l'antre
Et une rentrée supplémentaire.
La cadette est entrée aux moyens avec une facilité
déconcertante puisqu’il n’y avait apparemment que le papa à être inquiet. Allez
savoir ce qui peut bien se passer pendant que je tourne la tête après l’avoir
laissé à son puzzle, entourée d’autres nains et d’autres parents encore plus soucieux.
Comment fait la maîtresse pour surveiller les allées
venues de tous ces gens et garder un œil sur les bambins déposés ? Hein ?
C’est évident qu’un plus sportif que d’autres allait
crocheter la fenêtre oscillo-battante et sauter vers la liberté, sans compter
les conciliabules d’autres plus futés qui s’organisent pour se maquiller en
adultes, ceux qui jettent la pâte à modeler en l’air pour faire diversion et
permettre la fuite de quelques autres supplémentaires.
Toutes les techniques sont bonnes pour que les
nains de trois ans et des patates courent par tous les interstices.
Dans le doute du professionnalisme pointu de la maîtresse,
malgré son stage commando de l’été auprès des membres du GIGN, je restais dans
le couloir, pointant mes oreilles vers de quelconques cris suspects de ma
fille.
Au bout de quelques minutes, je tends la tête par la
porte et m’aperçois que je n’existe déjà
plus et que la fistonne m’a cru lorsque je lui ai dit : ‘bon, à tout à l’heure,
à midi, je reviens te chercher’. En fait, elle feint le contrôle total d’elle-même
malgré le milieu hostile dans lequel elle est plongée.
Par ruse, je sors du couloir mais contrôle les
mouvements par la fenêtre. Cette fausse tranquillité et ce contrôle évident de
la situation par le personnel ne me trompe pas. Je traverse la cour en suivant
les petits dessins dessinés sur le bitume afin de me donner une contenance.
Toujours rien, je décide de passer la vitesse
supérieure, place les webcams wifi 3G dans les angles sensibles, mets en place
les détecteurs de mouvements aux endroits propices et coince les micros dans arbres.
Fin prêt, je rejoins la dame et fiston dans l’école
des grands et sa rentrée de CP.
A deux pas de là, je surveille sur mon PDA GPS
tous les déplacements des membres de la classe des moyens. Tout à l’air calme,
j’espère que ma fille n’a pas déjoué le stratagème en fixant l’espion
processeur double-core Intel-Playschool sur un petit camarade.
Fiston est en train de se faire réunir en rang
dans la cour de son école primaire. Après un premier essai de placements et d’ordre
diffus, la maîtresse passe à l’autre tactique qui consiste en une sorte de tortue
romaine à l’époque de la Guerre
Ils entrent enfin dans la classe. Fiston aussi
nous néglige en mimant l’amusement avec ses meilleurs copains agités de l’année
précédente. Il le fait bien le bougre, on pourrait y croire.
Nous rentrons en gérant le traumatisme, j’espère
que les enfants vont bien.
Pourvu que les batteries du matériel tiennent.