La part pas ternelle
Les couches, les courtes nuits, le
stress, la bronchiolite, la kiné respiratoire, les sommeils agitées
entrecoupées comme un plat de carpaccio de bœuf, les chutes, la cicatrice
frontale impressionnante, les nettoyages à grands coups de serpillières, les
pleurs, le cinéma aussi, l’énervement, les batailles avec le grand frère à coup
d’attirail à dînette, l’inquiétude générale parce que, son sale caractère,
parait-il génétique, les caprices, les cris, les nuits courtes, encore, les
éternuements sur la chemise avant de partir au travail, les soirées-journées
ratées, les moments dérangés, tout ce qui est cassé, froissé, gâché, les
fièvres et l’inquiétude, encore, les braillements néanderthaliens, et demain,
pire.
Ouais.
On oublie pourtant tout pour ne
garder le meilleur, c’est simplement un réflexe instinctif du cerveau. On n’en
tiendra pas rigueur puisque cela vaut la peine.
Ouais.
En attendant, je lui prépare la bonne
part avec le ravissement anticipé d’un père face au sourire de sa fille à
couettes de quatre ans, je fais chauffer avec attention parce que la pâte est
souvent brûlante à l’intérieur, je dispose avec prudence la surprise à venir.
Je la félicite ensuite sans aucun
intérêt calculé, me complets dans ses ‘c’est moi qu’ai gagné !’.
Je la coiffe de la couronne Kirikou
avec un grand amour.
Et cette ingrate choisit son frère
comme roi. Si ça se trouve parce qu’il faisait le clown en face en levant les
mains.
Faites des gosses qu’y disent.
PS : N’empêche que consciente de
son affreuse erreur, elle est venue me voir dix minutes après pour m’affirmer
que le vrai Roi, c’était moi. J’accepte l’acte diplomatique.
*...songeur… Elle doit avoir quelque chose à me
demander…*