Le vote rond
Insidieusement, me voilà touché par la démarche marketing
autour de la campagne politique qui s’achève.
Il ne faut pas croire, toute cette mobilisation, ce faible
pourcentage historique d’abstention, ils voudraient nous faire croire que le
français se sent concerné, qu’il réalise (oui, toi, aussi, jeune de banlieue
avec ta première carte d’électeur apportée en mains propres par un Debbouze ou
en mains sales par un autre plus intéressé).
Ils voudraient nous faire croire que l’avenir est entre nos
mains, que les mouvements anti-l’un et contre-l’autre, c’est super.
Ils voudraient aussi nous avoir persuadé que les garçons
poussent dans des choux et les filles dans les roses avec leurs nouveaux mondes
proposés à renforts de sources de financement encore inconnues.
Mais non. La mobilisation, l’intérêt subconscient du peuple
pour cette élection bien menée et passée par tous les étages de la dignité
(oui, même les égouts) est due à un tout autre fait sorti des esprits dérangés
et forcément efficace de ces gens de la Communication.
Il y a cinq années, comme il y en a douze, puis sept ans
précédemment encore, et sept encore, et entre ces dates électives, le langage
usité était celui d’énarques fourbes, d’intellectuels trop hauts pour le
peuple, de ce gens qui ne connaissaient pas les mots de la rue.
Il est évident que Sarko, Ségo et François prennent les
transports en commun tous les matins, pointent pour le Smic et rencontrent les
problèmes du bruit et des odeurs.
C’est bien pour cela que le peuple se sent concernés par la nouvelle vague
politicienne, parce que le peuple comprend ces mots simples, adaptés.
Ok, en fait, nous sommes d’accord, ils font semblant.
Parce que Ségo est énarque et Sarko sorti des grandes écoles
sans carte scolaire, parce que Ségo a tatoué le visage de Tonton Mitterrand sur
la fesse gauche (à côté d’une rose) et parce que Sarko est un enfant de la
balle capitaliste mixé de Chiraquisme primaire.
Alors tous les outils de Com se sont mis en branle pour nous
parler à nous, le peuple, pour nous fédérer autour d’eux : les Politiciens
qui ne veulent plus en être.
Et du coup, le premier tour devenait une qualification pour la
finale. Il y avait
des équipes, des coéquipiers, des confrontations
etc… tout un langage utilisé autant en soirée Ligue des Champions qu’en
retransmission de matches de Ligue 1.
Les qualifiés, les finalistes. Remporter l’épreuve (sans preuves d’ailleurs).
C’est beau une France qui parle football depuis un mois.
Vous ne trouvez pas ?
Du coup, je me sens proche de la politique. C’est aussi simple que cela.
Sur ce, allez voter.
Entre l’un qui veut des choses et va mettre du monde dans les
rues et l’autre qui ne dit rien en laissant partenaires sociaux et français se
démerder…
Dimanche.
Pas de conneries hein !
(Et cette remarque a cela de géniale qu’elle peut s’adresser
aux deux choix).
Bien (des bises) à vous.