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Le Bar Nabé
23 septembre 2004

La ballade de la pie qui chante

Je mets une chemise bleue avec une cravate jaune et traverse Castorama et j'ai l'air d'un vendeur.

 

Je mets une chemise jaune (un peu caca d'oie, certes) sans cravate et je traverse Auchan et j'ai l'air d'un vendeur.

Je commence à me demander non mais dis donc si je n'aurai pas la tête d'un emploi qui n'est pas le mien du coup doudou dis donc.

 

Qu'est-ce que c'est que ces gens qui m'interpellent alors que je fais paisiblement mes courses en me demandant si je travaille ici et où est le rayon des prises électriques alors qu'il suffit en plus de lever la tête et de suivre les panneaux.

Je dois avoir l'air préoccupé d'un vendeur de rayon surgelé en quête d'un sac poubelle pour ranger mes moules usagées ou l'air d'un petit chef à peine en cravaté du rayon droguerie qui nettoie tout du sol au plafond.

Passe la première ménagère de plus de quarante ans qui peut avoir des problèmes de cécité et qui voit en moi son sauveur de Prisunic mais ce bonhomme à l'air vivant qui traverse le couloir des confiseries (ah oui, parce que je venais acheter mon paquet de bonbons Régal'ad Krema), comment se fait-il qu'il m'ait confondu ?

 

Fichtre, vous voulez que je vous dise ? Hein ?

Et bien les petits Pimousse ne sont plus ce qu'ils étaient, je suis obligé de me rabattre sur les Régal'ad pour les besoins en bonne humeur du service. C'est que je les soigne mes collègues. Et en plus, j'adoucis les mœurs des débiles qui s'agitent le cortex en passant la porte tandis que j'arrondis les formes des dames qui craquent à la vue de mes petits Régal'ad.

 

Bref, non pas que les vendeurs et petits chefs de rayon des grandes surfaces ne méritent mon respect le plus total devant l'obligation de se fader l'exacerbation de clients décérébrés qui refoulent leur stress professionnel sur ces employés sous le prétexte honteux qu'ils sont clients et donc les plus importants au monde ; mais je n'aspirais pas à ce métier difficile.

 

Ou alors, je fus tellement déformé par mes expériences successives comme marchand de patates (« elle est belle ma patate, elle est belle, elle est ronde, elle est belle ma patate ! » hurlé sur les marchés), caissier dans un Truffaut de banlieue où les clients les plus agressifs et plus malhonnêtes étaient sans nul doute les personnes âgées qui cachaient de la primevère sous leurs manteau de poils de tapis et jardinier dans le monde merveilleux de Mickey où je me perdais dans les champs de rhododendrons ; que je subisse actuellement le syndrome de la tête de l'emploi.

 

Ou bien, j'ai l'air accueillant, j'ai la tête de celui à qui on donnerait le Monde sur un plateau avec sa petite culotte en dentelle autour.

 

Quitte à m'aborder, autant que ce soit des jeunes filles entre 20 et 35 ans.

Mais non, ça, la ménagère de plus de 40 ans, elle n'y pense pas au traumatisme psychologique provoqué quand elle agresse un jeune homme (beau et fringuant comme un demi poney d'élevage) !

Tout ce qu'elle voit, c'est une source d'information potentielle pour contrer sa fainéantise de recherche.

 

Est-ce que j'ai une tête de spécialiste en tournevis ? En tout cas, je saurai où me recycler.

 

Est-ce la chemise qui est peut-être synonyme d'appartenance au magasin ?

Il est vrai que j'ai un peu passé l'âge (juste un peu, hé ça va) de m'habiller avec un jean sans forme sans ceinture qui exhibe mes poils de fesses d'une sorte de pull à la mode de la serpillière de Pierre offerte par Thérèse.

D'autre part, la chemise reste mon accessoire minimum face à mes visiteurs. Une question de respect, un truc de vieux con, ouais, je sais.

Par contre, il est vrai qu'un gars en costume fait toujours un peu tâche dans une grande surface. L'avantage, c'est que je ne faisais alors pas tâche mais faisais partie du décor.

 

Etrange constatation qui me persuade de devoir, par principe, la prochaine fois, mettre la tête de la dame sur l'établi des scies sauteuses et le monsieur dans l'aquarium aux homards.

Est-ce que je leur demande quelles marques de lessives ils me conseilleraient ?

C'est qu'en plus, les effrontés, ils seraient capables de ne pas savoir et de me faire acheter un truc qui ne lave pas plus blanc que blanc !

 

Sachez que si vous croisez à Casto ou à Auchan un gars qui à l'air de travailler ici mais qui se balade dans les rayons, c'est moi.

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Commentaires
L
Tout s'explique !!!<br /> C'est Mme Barnabé qui choisit tes vêtements.<br /> Bonjour aussi Mme Barnabé.<br /> Mais elle a raison, n'oublies pas les bonbons (ou les fleurs). Crois en mon expérience (de vieux chnocke) : ca ne suffit pas d'y penser.
J
Bonjour Madame la femme de Barnabé...
T
Moi, je sais que tu n'es pas un vendeur, chéri. Et j'aime bien tes chemises courtes ou longues des manches. <br /> Mais pourquoi tu ne me ramènes pas des bonbons à moi...
S
Je suis dégoûtée, j'avais fait un beau commentaire depuis mon boulot ce matin, juste après celui de was, et je découvre qu'il ne s'est pas enregistré !<br /> <br /> Grrrr!<br /> <br /> Je répète : moi, je crois que c'est parce que tu as l'air Boniface, cher Barnabé... Cela attire le client. `<br /> Quant à ces histoires de chemises à manches longues ou courtes : ben quoi? Vous n'imaginiez pas Barnabé en Marcel en lycra moulant, quand même !<br /> <br />
L
Ce qu'il faudrait, c'est une photo.<br /> Qu'on se rende mieux compte.<br /> :-))<br /> <br /> Un jour un ami a moi (pas spécialement dans le besoin) a vu une vieille dame venir vers lui, et lui donner 1 Franc !! Argh.<br /> (non, ce n'était pas pour une activité sexuelle tarifée, rhooo, m'enfin !).
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