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Le Bar Nabé
29 octobre 2004

Un enfant...

Parce que LNV n'en finira jamais d'être source d'inspiration.

 

Les craintes qui entourent l'arrivée d'un enfant au sein de son univers sont tout à fait légitimes et ne pas en avoir serait presque inquiétant.

 

Tout commence par la grossesse.

En tant que futur papa, soi disant responsable, puisqu'on a prit la décision de vouloir se reproduire, ce sont des sensations bizarres d'une situation qui finalement ne change pas beaucoup.

Je ne porte pas l'enfant, je ne le ressens pas, ou alors à partir de quelques mois, mais je suis encore bien loin des glou glou internes de la première moitié de grossesse et un peu plus proches des mouvements 'alien-iques' qui traversent le ventre maternel de long en large en traçant une bosse qu'on associe à un pied, une main, un bout de crâne ou un genou.

Maladies, accidents, problèmes, tout est rejeté au fond de son esprit, comme pour se protéger.

En fait, je n'y pensais plus trop.

 

Il se passe les ¾ d'une année pendant laquelle je crois me préparer psychologiquement à l'évènement.

Personne ne peut se préparer à ça. Parce qu'on ne sait pas ce qu'il va se passer et qu'aucun paramètre n'est maîtrisé.

Pas plus notre réaction face à un nouveau né, ni la réaction de la mère, ni les nouveaux rapports entre le père et la mère, ni l'avalanche de choses à faire et à penser, ni la concentration psychique vers un bout humain de 3 ou 4 kg, ni le bouleversement de sa vie ; ni les nouveaux rythmes, ni les contraintes liées à la famille, ni les répercussions sur nos cercles amicaux.

Pas plus que notre nouvelle vision de la vie, que nos objectifs personnels qui s'en trouvent modifiés.

Rien ne nous prépare à ça.

 

Au bout du second enfant, la maîtrise est technique.

On sait ce que veut dire : avoir un enfant, on a apprit à réagir même si on continue à se tromper une fois sur deux.

On pense savoir à quoi s'attendre d'un accouchement même si une boule continue de coincer votre estomac plus les heures qui nous rapproche du moment ultime de la grossesse.

On pense comprendre un enfant de trois jours lorsqu'il pleure, lorsqu'il ne dort pas ou mal, lorsqu'il ne mange pas ou mal.

 

Même au deuxième enfant, comme chaque être est différent, comme vous, vous avez changé entre le premier et le deuxième : rien n'est pareil.

Nous avons mieux appréhendé la deuxième grossesse, les premiers mois.

Mais nous ne contrôlons rien.

 

Au moment où la décision se fait de donner la vie, il faut bien se dire qu'on la donne à deux même si le père a l'impression ne servir à rien, de ne pas interagir avec le nourrisson pendant la grossesse et non plus pendant les trois premiers mois. C'est le cas. Il y a un terrible décalage entre la mère et le père.

Je ne l'ai su qu'au bout d'une bonne année mais je n'étais pas prêt à accueillir mon garçon au début. J'ai absorbé cette nouvelle situation en au moins six mois.

Six mois pendant lesquels vous vous posez des questions sur vos propres capacités psychologiques, sur vos craintes sur la suite. Culpabilisation.

 

Et puis, j'ai pris conscience de cet enfant, de tout ce qu'il allait m'apporter.

Que cet enfant compte sur moi, que j'ai des responsabilités, que je me dois de lui offrir ce que j'ai de meilleur en moi.

Mais je ne me pose pas ces questions sous forme d'une obligation à respectée mais plutôt sous la forme de réactions instinctives face à mon enfant.

Je continue à espérer pour lui, je prends conscience de sa fragilité.

 

Alors je m'effraie pour un rien.

Une mère (actrice Lou Doillon, jeune maman) disait l'année passée que depuis la naissance de son enfant, elle avait réellement découvert ce qu'était la peur. La peur pour quelqu'un d'autre.

Elever un enfant, c'est ne plus avoir peur pour soi. Vous, vous ne comptez plus. Toute votre énergie est centralisée vers ces gamins. Concentrée, réservée.

 

Il n'y a pas de leçons à donner, encore moins de conseils. Ça ne sert à rien. C'est la vie qui vous donne des leçons.

Ça ne sert à rien non plus de se poser trop de questions. A trop réfléchir, on n'avance jamais.

Un enfant, vous l'apprenez comme tout le monde, sur le tas, sans être préparé.

Un enfant, vous savez si vous n'en voulez pas.

C'est toujours plus facile de savoir ce qu'on ne veut pas plutôt que ce qu'on veut.

Si vous hésitez, c'est la possibilité vous a traversé l'esprit et c'est bon signe.

Après… ce ne sont qu'adaptations diverses face à ce qui arrive.

 

C'est un équilibre entre une prise de conscience que cela ne doit pas être un caprice (un truc qui va durer 6 mois et après on en a marre) et la légèreté de la grâce d'une naissance.

 

 

Mais un enfant…

Mes amis, que l'imagination vous porte vers ce qui passe à travers le regards d'un enfant.

Ce qui doit transparaître de cette note est peut-être un sentiment négatif, d'absence de contrôle, de. Ce n'est pas ça. C'est bien autre chose, comme un cataclysme d'amour gratuit, naïf, entier qui se déverse.

(elle est un peu écrite sur le fil, sans vraiment de structure mais après tout...)

 

UN ENFANT
Jacques Brel

Un enfant
ça vous décroche un rêve
ça me porte à ses lèvres
et ça part en chantant

Un enfant
avec un peu de chance
ça entend le silence
et ça pleure des diamants
Mais ça rit
à n'en savoir que faire
et ça pleure
en nous voyant pleurer
ça s'endort
de l'or sous les paupières
et ça dort
pour mieux nous faire rêver

Un enfant
ça écoute le merle
qui dépose ses perles
sur la portée du vent

Un enfant
c'est le dernier poète
d'un monde qui s'entête
à vouloir devenir grand

Et ça demande
si les nuages ont des ailes
et ça s'inquiète d'une neige tombée
ça s'endort l'or sous les paupières
et ça se doute
qu'il n'y a plus de fées
Mais un enfant
et nous voilà passants
Un enfant
et nous voilà patience
Un enfant
et nous voilà passés

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Commentaires
F
C'est vrai que c'est un très beau post, je t'admire dans ton rôle de père...<br /> Pourtant ca me fait un peu peur quand même de savoir qu'on contrôle quasiment rien quand on est parent. Je suis encore loin d'être père (où alors a l'insu de mon plein gré, comme dirait l'autre) mais ça me fait réflechir. <br /> Encore bravo pour ton talent.
S
Moi aussi je veux un papounet Barnabé! Ca s'adopte un Barnabé ? :) bises
4
Tiens. Comment ça doit être agréable d'être un enfant chez toi.
J
La paternité engendre de très beaux textes aujourd'hui. Merci Barnabé de cette sincérité, et de cette relativité qui me fait chaud à mon coeur de père.;-)
T
Barnabé, tu touches au merveilleux! En tant que mère je vais t'avouer une chose: pendant la grossesse on ne sait rien non plus. On a cette petite chose qui grandit et nous file de méchants coups de pieds dans le foie, mais on la sent comment dire...inconnue. Je ne suis devenue mère que lorsqu'on m'a laissée seule avec mon fils dans sa couveuse. Je le regardais, stupéfaite, il était sortie de mon ventre pourtant il n'était pas mien, il était un individu à part entière. J'ai compris en un éclair que cette enfant ne serait jamais ma "possession", j'ai mûri d'un coup en comprenant que mettre au monde un enfant, c'est le donner à la Vie. Alors je regardais mon fils, un peu comme un étranger, effrayée à l'idée de ne pas ressentir "l'instinct maternel" et puis j'ai remarqué l'arc de ses sourcils, le haut de son front: c'était celui de mon père, et le mien.Et là, je l'ai RECONNU.Et aimé.<br /> bises tendres Tillie
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