Web (1)
Préface :
Les textes que vous allez découvrir non sans une
joie démesurée et avec un effroi tout relatif comparativement avec les horreurs
du Monde sont basés sur des faits réels.
Les personnages existent vraiment (c’est cela qui
est effrayant).
Les épisodes se construisent au fur et à mesure que
la mémoire creuse à travers le désordre ambiant.
Avec l’indulgence de la cour. Merci.
Afin d'ajouter une note de poésie, un inconnu vous offre des fleurs.
Commençons donc.
Il est temps.
C’est le temps de l’évocation brute et sauvage.
C’est le temps de l’histoire qui peut changer la
face d’idées reçues sur l’auteur.
*réflexion, partage des secondes*
Ceux qui ont déjà vécu cela reconnaîtront mes
craintes devant le récit.
Le temps du web approche.
Pour le commun des mortels, le web n’a qu’une
signification paisible, celle d’un outil informatique de recherche
d’accroissement relatif de ses connaissances ou celle d’une source inépuisable
de pertes d’heures en tout genre.
Mais pour la troupe, pour la meute, c’est tout
autre chose.
Il s’agit d’une évocation trouble, d’un évènement
improbable, d’un épisode âpre au milieu de vies sobres, d’une équipée
hasardeuse dont les neurones ne ressortent jamais indemnes, de péripéties
phénoménales aux frontières de l’anormalité sociologique, de la démonstration
imprévisible du genre humain en situations intellectuellement hostiles, d’un
retour tragique à l’aube de l’humanité.
Le web, pour un petit nombre restreint d’individus
aux apparences normales, c’est une mutation, une transformation.
Quelques jours par an, quand le printemps a
ragaillardi les pelouses, quand les températures oscillent entre fraîcheur
nocturne et chaleur diurne, quand les tracteurs vont aux champs, quand les
soirées s’allongent et que les barbecues réactivent d’anciennes braises, quand les
instincts reviennent à la surface d’une onde trouble, le web prend toute sa
signification.
W.E.B.
Trois simples lettres qui nourrissent des années
suivantes nombres d’histoires dont plus aucun être humain ne saura en tirer les
réelles origines.
W.e.b. signifie dans le jargon primaire et dans
l’ambiance primesautière d’un groupe d’adolescents devenus hommes :
week-end beauf.
Les poils s’hérissent soudain, j’entends les
oiseaux quitter la zone, les poules errantes fuient, je vois la ferme voisine
fermer ses volets en émettant de longs borborygmes plaintifs
« mpff..grumpf..chier..encore eux..pffff..sauvages…pas
dormir…bordel…bahhh ».
Après l’épisode teuton et l’arrivage massif de
chewing-gum américains et de boissons gazeuses, le débarquement revient encore
et encore en Normandie, dans les verts pâturages des campagnes rurales.
« Mayenne nous voilà ! » Crions nous
tous en chœur à travers les rythmes bigarrés qui s’échappent des haut-parleurs
Prisunic de nos véhicules embourgeoisés.
Les banquettes arrière de nos voitures portent
encore les traces de sièges bébé rapidement évacués et disparaissent désormais
sous fesses poilues et sacs de sports de multiples tailles.
Le départ en lui-même constitue un parcours
initiatique qui permet aux protagonistes de relever la température des jours à
venir sous leurs aisselles moites d’excitation.
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