Aparté anticonstitutionnel
Curieusement, alors que la France commence à hurler
par meuh et par veaux que les chinois ne sont pas gentils de venir ainsi dans
nos campagnes, tels de féroces soldats, jusque dans nos bras égorger nos fils
et nos compagnes, nous faisons appel au bouclier européen pour nous protéger
des assauts de textiles, d’aciers, de produits chimiques et informatiques venus
du pays de la Grande muraille.
J’ai l’impression que nous découvrons aujourd’hui
ces accords politiques qui ont ouvert grand la cage aux oiseaux venus de l’Est.
La Chine exporte et nous importons. Point.
Nous ne sommes pas concurrentiels, ni les Youaisses
face à la vermine communiste qui envahit nos industries vieillissantes qui
s’enorgueillissent, elles, syndicats sur le devant de la scène, d’avoir les 35
heures, le gouffre de la sécurité sociale et le cul de la crémière.
Evidement, tout le monde sait que le petit chinois
qui travaille dès 6 ans dans la mine et à 10 sur une paire de basket Nike n’a
pas du tout les mêmes conditions sociales et humaines que le plus pauvre des
nantis français.
Tout le monde sait aussi que le petit chinois n’a
pas la paye et les avantages d’un cheminot qui n’oubliera pas de faire grève si
on touche à sa prime de charbon, ou de cet employé malheureux de la banque de
France qui, le pauvre, a un salaire composé de 60% de primes en tout genre.
Mais le chinois ne se pose pas cette question, il a
besoin de travailler pour vivre, même si la bouchée de pain qui lui sert de
salaire ne nourrit pas suffisamment sa famille aux naissances contrôlées.
Il faut relativiser les situations. Il ne faut pas
en vouloir à la Chine de s’éveiller de secouer le Monde (ne dit-on pas que si
tous les chinois sautaient en même temps, cela créerait un tremblement de
Terre ?).
Nous importons légalement des biens de
consommations pour exporter nos techniciens, nos centrales nucléaires et nos
Airbus. Il faut choisir non ?
Comment peut-on faire deux poids, deux
mesures ?
Mais revenons à cette Europe qui va nous sauver si
nous nous excluons pas nous même du débat comme les instituts de sondage nous
le démontre dans cette grande compétition manichéenne.
Si je suis simpliste, je dirai que nous serons plus
forts à plusieurs que tout seul et c’est bien là que le bas blesse.
Le français contestataire par essence veut tout
sans rien faire, veut les avantages sans les inconvénients, veut qu’on refasse
tout avant de faire, veut gueuler avant d’exprimer une réponse cohérente.
Et on entend tout et n’importe quoi sur un sujet
que personne ne maîtrise.
Alors j’en viens à cette constitution qui divise
pour le principe.
Comme je suis totalement contradictoire, je
continue sur cette voie alors que je disais il y a peu que je ne m’y
aventurerai pas.
Non, je n’ai pas lu ce projet de constitution, donc
j’ouvre ma gueule comme tous les français.
Elle ne devrait pas tarder d’envahir ma boite aux
lettres et je la parcourrai alors.
Mais je réagis en voyant des affiches comme celles
de la LCR (Ligue des Cons Reconnus – oh hé, ça va bien, moi le communisme
révolutionnaire de La Poste, ça me gave) : « NON à l’Europe et à
Chirac ».
Voilà un gars qui n’a rien compris et qui mélange tout.
Et ce que je crains en entendant maintes inepties,
c’est de confondre un choix de politique intérieur et celui concernant la
politique extérieur.
Mais, vous savez, moi, je n’y connais rien. Je sais
que les deux sont imbriquées mais les intérêts ne me semblent pas tout à fait
cohérents dans le sens où, pour une fois, les politiciens qui poussent à faire
quelque chose ne sont peut-être pas ceux qui gouverneront dans quelques années.
Donc, je fais la part des choses, j’oublie les
âneries du gouvernement actuel, j’oublie ce qui est bien ou non dans notre tout
petit pays, je m’extrais du contexte franco-français (à lui seul capable de
créer son exception) et je vois un poil plus loin.
Alors, est-ce que la constitution européenne, c’est
bien ou non ?
Mais ce n’est pas moi qui vais vous le dire, à
chacun de faire travailler ses neurones (c’est cela qui est difficile dans
cette société de veaux ou chacun attend que PPDA nous dise quel bulletin il
faut mettre dans l’urne).
Allons vers l’Europe, car cela, je le subodore
comme vital.
Lisons donc attentivement cette constitution,
essayons de comprendre ce qui est bien ou non et, dans le doute, j’ai mon avis,
que je ne partagerai pas car ce n’est pas le sujet.
Par contre, ne mélangeons pas tout.
La droite, ce n’est pas l’Europe, Chirac, ce n’est
pas l’Europe, Raffarin, ce n’est qu’un tout petit bonhomme à l’échelle d’un
projet de grande ampleur.
Pendant qu’on se regarde le nombril, on ne voit pas
bien loin.