Web (3)
Aujourd'hui, il est question d'alourdir le récit, c'est pour cela qu'un inconnu vous offre une choucroute alsacienne.
Chapitre 3
Les personnages.
Il y a le noyau qui est à l’origine de tout, sorte
de big bang humain du web qui évolue littéralement en big bande.
Deux fratries, et deux individus esseulés qui s’y
accrochent pour former une autre famille.
Trois plus deux, plus un, plus un.
Sept jeunes hommes dans la force de l’âge aussi
respectables individuellement qui se transforment en troupeau de cabris dégénérés,
en chiots fous, en symboles préhistoriques du genre humain.
Je revois encore les yeux exorbités de l’homme
bourru du village qui nous regarde passer, qui s’en retourne au bar-tabac,
place de l’église, à côté de la boulangerie et qui dit d’un bloc, l’air
désespéré et dans l’attente d’un godet de blanc
sec : « scrmunpff…meurf..v’là ces p’tits cons de cabris !
C’est fini. ».
J’hésitais à rentrer dans le détail mais ce sont
des bases importantes pour la compréhension générale.
Situons donc la première fratrie composée de deux
éléments : Arno et Yolo.
- Arno (1975). Jeune, fougueux et prêt à en
découdre sur n’importe quel tatami (à cause de quelques années de judo qui lui
auront permis de tendre vers la discipline des sumotoris mais c’est une autre
histoire). Il espère accéder à la sagesse en prenant exemple sur ses aînés. Sa
place est souvent celle du stoppeur, physique sur l’homme, efficace et, même
s’il ne sait pas faire de tacles glissés, sa puissance s’exprime à l’épaule.
Il démontre une capacité incomparable à s’appesantir
pendant des heures sur le Label Rouge d’une tranche de jambon d’un cochon qui n’a
rien demandé à personne.
- Yolo l’ancien, appartient à la génération 1971 et
ce n’est pas rien. C’est une marque de qualité, et l’assurance du respect de la
part de ces ‘tits cons des années suivantes. Pendant très longtemps, il fut
prénommé « celui qui tripote trop le ballon et qui cherche à se faire
descendre à force d’énerver tout le monde avec ses râteaux , passements de
jambes et petits ponts à deux balles ».
L’âge aidant et un accident malheureux lui ont
heureusement fait perdre quelque peu de son agilité.
Il appelle son frère ‘cassoul’, ce qui crée
quelques tensions compétitives fratricides (cassoul’ pour cassoulet).
Il est architecturalement structuré pour réfléchir plus
que de raison.
Deuxième fratrie.
- Rico (1971 lui aussi). Sa devise :
« toujours prêt mais jamais prêt ». C’est contradictoire et de
nombreuses études scientifico-sociologiques à son sujet n’ont jamais obtenu
d’explications viables sur cette énorme bonne volonté et ces lacunes en
vivacité. Pourtant, la légende raconte qu’il est à l’origine du malheureux
accident de Yolo (une poussette, un geste malheureux, un contact, on ne sait
plus trop mais le fait est qu’il le rapprocha un peu plus de la table
d’opération que de celle de la salle à manger).
Prouve aussi à ses heures perdues qu’un casque de
motard fait tomber les cheveux.
- Kelu (1973). Seul véritable fonctionnaire
professionnel de son état, gardien du temple des Sciences comme il fut gardien
de but dans sa prime jeunesse. Son atout particulier est une résistance
physique hors du commun, sans doute liée au fait qu’une seule de ses cuisses
fait la taille des deux miennes. Nous le pensons foncièrement gentil malgré certains
accès soudains à une grande grossièreté (sans doute développé auprès de ces
amis du kop Auteuil du Parc des Princes). Spécialiste en vomitologie.
- Marco (1975). Audacieux et d’une motivation rare
à continuer de courir quand d’autres font de la figuration, il est appelé :
le Terminator. Sans doutes ses nombreuses opérations des ligaments des deux
genoux et son épaule démise à la Beckenbauer ne sont pas étrangères à ce
surnom. Le fait est qu’il continue de courir quand même avec ses articulations
en plastique. Le Steve Austin du football en somme. A côté de cela, son statut d’ingénieur
informaticien en fait un être étrange.
Le n°6 : Caldoche (âge incertain et
transitionnel entre les anciens de la 71 et les jeunes fous). Nantais mais pas forcément
breton, il a subi diverses transformations physiques ces dernières années qui l’a
poussé à gagner le concours de la boudine d’Or (on en reparlera). Techniquement
au point et fourbe comme un canard à qui on enlève un bout de pain, il se jette
comme un mort de faim sur le ballon pendant 1m et 30 secondes avant de s’effondrer
sur le gazon avec les yeux d’un lapin russe (allergique à l’herbe, c’est
ballot). Il parle énormément, au point que l’alcool peut être une solution
efficace pour le faire somnoler sur un canapé comme une loque.
Le n°7. Bin, c’est moi. Appelé communément Cristobal
ou ‘serial tacles’ (faut le prononcer en anglais scolaire, sinon, ça ne rend rien),
il parait que je serais dangereux bien que n’ayant blessé personne.
Je ne peux en dire plus, c’est moi qui raconte, c’est
moi qui décide. Na.
Et puis il y a le huitième.
Comme il y a huit planètes si on ne compte pas
Pluton, comme il y a huit doigts sans les pouces, comme il y a huit couleurs
chez Pratchett, il y a huit participants au web. Parce que …parce que…euh… bah,
faut un nombre pair sinon, y’en a toujours une équipe qui râle parce que ce
n’est jamais le bon compte et puis parce que Machin, il court vite et que
l’autre … enfin bref, huit, je vous dis.
Et le huitième a un statut particulier, c’est la
pièce rajoutée, c’est le maillon, le chaînon manquant, la masse cachée de
l’univers.
Le huitième tient rarement plus d’un web. Il change
de son propre fait tous les ans, il décline l’invitation suivante pour
d’étranges excuses comme « J’ai piscine », « Je n’ai pas encore
cicatrisé » ou « J’ai plus de RTT ».
Le huitième subit ce à quoi son éducation ne l’a
pas préparé. Il ne sera jamais plus le même en rentrant chez lui.
Cette année, l’identique de 2003 revient. Il aura
profité de l’année dernière, sabbatique, pour oublier et terminer son
traitement.
2005 sera un bon cru.