Papillons de Cannes
L’évènement du festival aurait pu être l’achèvement
de la deuxième trilogie, chronologiquement antérieure à la première, de la saga
sur l’homme en noir asthmatique, ou bien la tournée des bars glauques en fin de
soirée du président du jury imbibé, ou bien le sein de Sophie (qu’on ne saurait
voir), ou bien la visite régulière de Jeanne, la Moreau qui n’a plus d’âge avec
sa voix sensuelle de conducteur de Fenwick, ou bien la signature de C+ qui
rempile pour quelques années supplémentaires exclusives de frivolités cannoises…
Ça aurait pu être tant de choses qui tournent
autour du cinéma, d’un film ouzbèk qui défraie la chronique en parlant de la
reproduction de la tanche sur la chaîne française n°1, d’un reportage
historique sur la pose du wonderbra de Monica Bellucci, ou bien de la nomination
aux Hot D’Or de la composition politique sur le référendum, appelé ‘le cul
entre deux chaises’.
Mais ce ne sera rien de tout cela.
Cette année, Cannes est aux genoux du vide
neuronal.
Cannes fait la vedette d’une enveloppe plastique,
contestable d’un point de vue esthétique, mais inoccupée d’une quelconque
traces d’activité cérébrale.
2005 est l’année de Paris Hilton.
Peut-on faire plus potiche, plus basique, plus
vulgaire pour les Droits de la Femme.
Où sont donc les chiennes de gardes et autres associations,
corps défendants, contre l’animalité masculine hormonisante ?
Nous avions l’abrutissante Loana il y a
heureusement déjà quelques années, qui s’achève dans des bains douches cocaïnomanes
dans les bras d’un pouilleux godemiché masculin.
Nous avons maintenant le débarquement de ce qui se
fait de pire dans l’aboutissement de la culture américaine.
Messieurs de l’outre Atlantique, gardez donc vos
déchets jet setters, nous avons bien assez des nôtres !
Nous qui les parquons dans une ferme pour abreuver nos
campagnes d’une matière grise impure.
Il n’y aura jamais assez de zoos pour vider St
Tropez et les plages de Nice de ces décervelés sociaux.
Paris Hilton est la fille des hôtels du même nom.
J’imagine qu’elle doit être le résultat génétique de
l’essayage de l’ensemble des chambres des complexes à travers le Monde. On ne
peut pas lui demander grand-chose, ce ne serait pas de sa faute.
En plus de n’avoir rien fait de ses dix doigts (euh..., bref, passons...) depuis
sa tendre enfance cotonneuse, elle s’exhibe de robes fines en robes transparentes,
de parquets cirés en esplanade télévisées depuis sa prise de conscience existentielle
(qui suis-je ? dans quel état j’erre ? est-ce que les œufs brouillés
sortent d’une poule secouée ?).
Cette fille est d’une bêtise à me rendre triste.
Mais pourquoi s’intéresse t-on à cette évidente
platitude du bulbe ?
Peut-être que Monsieur Hilton a distribué
champagne, petits fours et chambres gratuites avec hôtesses pour nos
journalistes préférés et rédacteurs d’émissions ?
Dis moi Michel, dis moi la Denise, je sais bien que
ton émission C+ se fait un peu chez les Hilton, face au palace, mais ne me dis
pas, avec ton expérience de vieux roublard (j’enlève volontairement ton passage
au psg, il ne faut pas abuser) que tu invites Paris Hilton pour tremper ton
biscuit dans la marmelade ?
Me dis pas ça Michel.
Du coup, Cannes devient d’année en année, plus un
festival de gens branchés qu’un véritable évènement qui rend vainqueur le 7ème
Art.
Les scénaristes, ceux qui finalement, sont peut-être
les véritables acteurs du cinéma, ne sont pas reconnus dans ce genre de manifestations
à paillettes. Ils sont plus souvent derrière une machine à écrire ou un écran à
tapoter, retapoter des histoires. Ils ne sont pas vendeurs.
Alors ils se mobilisent cette année pour exister un
peu. Juste un peu.
Ils essayent de s’introduire, de faire la queue au
derrière de Paris Hilton (*pardon*) pour gagner la lumière.
Mais je vois le gros Besson arriver. Trop tard, les
voilà cachés, recouvert d’une couche immonde de cinéma commercial sans
sentiment.
Pourquoi tous les papillons sont attirés par la
lumière ou par le sucre de Cannes ?
Pourvu que je sois toujours la même chenille.