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Le Bar Nabé
19 septembre 2005

Le jour où zèpas quoi dire

« Selon l'Insee, les ZEP n'auraient pas d'effets significatif sur les résultats des élèves. »

Les Zones d’Education Prioritaires ont, depuis leurs existences (1981), des moyens supérieurs aux autres.

Cela a permis principalement quelques créations de postes (diminution du nombre d’élèves par classes) et aussi de tenter d’attirer (ou de ne pas faire fuir) les professeurs (primes).

C’est l’expérience de ma ‘tite femme qui me fait causer.
Lorsque vous passez le concours de l’IUFM pour devenir professeur des Ecoles dans le 9-3, vous êtes jeunes et plein d’entrain, de motivation et d’illusions.
Et comme de bien entendu avec le principe des sacro-saints points de carrière (en fonction de l’ancienneté, de la place au concours, de l’ancienneté, de la famille, de l’ancienneté…), vous commencez logiquement en bas de l’échelle, donc êtes affectés en ZEP.
Et là, vous faites vos armes (et en achetez pour vous défendre).
En moins de deux ans, avec une classe de CP ou de CM2, vous constatez le racket, les attouchements sexuels (véridique), les familles explosées ou absentes, la malveillance et la brutalité, le vol, le racisme, les insultes, les menaces. 

Et cette fois ci, je ne vois pas ce que des moyens supplémentaires pourraient améliorer à la situation.
Parce que des heures supplémentaires de prise en charge des gamins ne font pas tout, parce que des classes moins surpeuplées (on parle là du passage de 28-30 à 24-26) ne font pas tout, parce que des salles informatiques (dévalisées pendant chaque vacances scolaires) ne font pas tout, parce que faire du roller dans la cour ne fait tout, parce que des sorties au Parc Astérix ne font pas tout, parce que des emplois jeunes ressortis des placards tous les deux ans ne font pas tout...

Il ne s’agit pas là que de moyens supplémentaires à mettre en œuvre. 

La jeunesse des professeurs des écoles n’est pas non plus en cause. A part pour les démotiver de leur profession ou les faire fuir au plus vite.
Prendre en charge certains gamins de ZEP correspond à prendre la place des parents pour le « gardiennage », l’éducation, la discipline. Et non pas pour apporter ce que les programmes scolaires proposent.

 

Qu’est-ce que je sous entends ici ?
Que pour trouver une solution aux ghettos estampillés ZEP, il faut prendre en charge le contexte et ce n’est plus à l’Education Nationale d’agir.
Ce n’est pas une découverte mais ce n’est pas nécessaire non plus de masquer les véritables soucis.
Et quoi qu’on en dise, l’accompagnement social mérite certaines nuances pour qu’il ne sombre pas dans de l’assistanat (ça fait beaucoup de choses n’est-ce pas ?)
On en arrive à l’évaluation des nuances et leurs traitements par des décisions qui ne doivent pas être démagogiques, ni à l’horizon 2007. 

Et pourtant, ces gamins peuvent se montrer plus attachants que les monstres placés en écoles privées ou dans les zones favorisées. 

Enfin bon, pendant que les syndicats (qui n’ont pas oubliés d’être détachés des vrais problèmes) et les politiques qui n’ont pas oubliés d’être détachés des vrais problèmes – bis repetita-) se crêpent le chignon autour de la lutte de leurs propres classes, ce sont les classes des élèves qui pâtissent. 

Alors si, une bonne fois pour toutes, il y avait un plan sur 10 ou 20 ans avec le formatage de ces zones vers des paysages sociaux plus humains, si on traitait la démission parentale avec autant de ferveur que les universités d’été de nos chers dirigeants, si on proposait des alternatives avec des décisions… 

Et si, et si, … on n’est pas prêt de mettre les ZEP au soleil.

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Commentaires
F
La "démission parentale" explique à mon avis beaucoup de choses... et en particulier pourquoi l'Education Nationale doit désormais passer une grosse part de son temps à éduquer les enfants (ce qui est pourtant le rôle des parents) au lieu de leur apprendre (au contraire de ce que son nom indique pourtant).<br /> Malheureusement, la démission parentale, ça tient aussi aux conditions sociales, la société de consommation, tout ça... et j'ai bien peur que ça ne puisse se changer que sur une voire deux générations...
S
D'accord avec Phany : des moyens pas vraiment supplémentaires en ZEP. Du coup, c'est assez facile de dire : "ça ne marche pas". Mais je suis d'accord avec le sens de ta note: c'est un problème global.<br /> <br /> Un coup de chapeau à mes collègues de ZEP : les enfants sont attachants partout, mais en ZEP, la mission de service public veut vraiment dire quelque chose.
P
Des moyens en ZEP? Certes un peu plus de sous , parfois des effectifs réduits et après ? Rien de plus qu'ailleurs...Et parfois beaucoup moins qu'ailleurs.
L
En fait cette étude de l'Insee semble montrer que beaucoup d'argent a été dépensé, mais avec des objectifs trop mal définis pour qu'un suivi des résultats (et les éventuels correctifs nécessaires) pour qu'il y ait vraiment eu effet.<br /> <br /> Cette étude là on pourrait la rapprocher d'une autre étude récente montrant que certains pays obtiennent de meilleurs résultats dans des circonstances plus difficiles que les notres (comme au Mexique), ou que le niveau scolaire de certains pays comparables à la France est plus élevé que le notre avec 2000 heures d'enseignement en moins par an (Norvège).<br /> <br /> Donc cela veut dire qu'il y a des solutions. Ne perdons pas espoir.
A
Hélas, ça ne prend pas la direction pour s'arranger, qui plus est...
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