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Le Bar Nabé
22 septembre 2005

Le jour qui commence en fanfare

sol1C’est à l’aube des langueurs monotones de l’automne qui s’installe, c’est à l’aurore des nuées brumeuses qui envahissent la campagne à l’orée des grandes villes, que je fis une constatation toute relative en rapport des choses graves qui peuplent nos vies.
Je montais dans ma petite citadine (ma voiture, ne nous méprenons pas) alors que le thermomètre indiquait, sans nul doute permis, d’un 2° clignotant le QI d’un électeur du Front National, que j’y songeais encore. 

Il n’y avait qu’une poignée de minutes remplies de secondes affriolantes qui me séparait désormais d’une fermeture de porte qui résonnait de babillements enfantins me souhaitant en écho à mes souhaits : une bonne journée et à ce soir.

Pour un peu, j’avais eu le droit paternel de réclamer de nouveaux bisous qui ne manquaient pas de m’envoyer illico presto dans la salle de bain pour me nettoyer les joues de traces de chocolat évidentes et dégoulinantes, bien que moins compromettantes que celles d’un rouge à lèvre carmin.
Je partais heureux avec l’idée déjà envahissante que flûte vivement bientôt ce soir que je retrouve toute la famille. 

Mais avant.

Il y avait eu le réveil aisé du fils qui descendait l’escalier sans coup de mauvaise humeur férir et à moitié à poil dans la froideur d’une maison encore somnolente (pour preuve, le chien avait encore son œil lourd de paupière et les poissons gisaient dans l’aquarium comme sur un étal de port breton).pois
S'en était suivi, avec une habitude soutenue les petits déjeuner, le rasage (du père), le brossage de dents et l’habillage enchemisé. 

Il restait la cadette qui, fière de sa sieste refusée de la veille et de son entêtement régulier à se relever le soir pour courir les étoiles, était encore d’un apathique endormissement.
Avachie dans les bras d’une mère aimante, elle se laissa guider dans les miens sans savoir que je profitais goulûment d’un câlin volé par une petite tête lovée dans mon cou parfumé par un déodorant Axe Superfresh qui les fait toutes tomber. 

Je déposais délicatement l’enfant sur le rehausseur de la chaise de la cuisine en la questionnant bien trop brutalement à son goût sur le menu qui lui ferait plaisir à cette heure inouïe d’une journée qui s’annonce longue. 

pdejJe déballais donc les propositions pour ma cliente préférée à coup de fruits, de viennoiseries et autres aliments qui devait la renforcer pour subir les assauts du froid et de la cour de récréation remuante.

Rien ne fit, elle conservait cet air grognant avec cette lèvre inférieure relevée comme un bouledogue. Je voyais dans sa tête baissée le refus à toute participation gustative.
Elle n’avait pas encore prononcé un mot alors que l’horloge avançait dangereusement vers le stress d’un départ en retard pour la mère de mes enfants qui les emmène chez la nourrice. 

Je changeais de technique pour tenter d’attirer son attention. J’étais d’humeur cordiale, il fallait que je profite de moi-même.
« Bé alors, si tu ne veux pas de banane, je sais ce que tu vas manger. Tu vas manger la table. Voilà. Ou alors le dessous de plat, ça doit être bon le dessous de plat ?
Ou si tu veux, je te prépare le pull de maman qui traîne avec du Nutella. Ça te dit un bon pull avec du Nutella ? » 

Elle émit enfin un rire éclatant qui me confirma que la direction était la bonne. Je continuais avec le torchon, le bonzaï et carrément le placard.
Elle relevait la tête, je vis le sourire, je sus que l’affaire était presque gagnée.
C’est alors que l’insensé se produisit, elle se recacha dans ses mains. 

Plein d’inventivité et d’un dérangement soudain, j’émis un pet sonore qui se devait de la divertir.
Effectivement, elle rigola (les enfants sont comme ça). 

Elle me regarda et me lança hilare : « Moi aussi, j’ai pété ».
Je disais que non, c’était papa.

N’avais-je pas dit cela que sa tête rougeoya, qu’elle leva son fessier en se soulevant par les bras et que je sentais qu’il allait se passer quelque chose.
D’un énorme Prout qui résonne encore dans ma tête et qui annonça un rire encore plus considérable , la petite s’éveilla enfin au monde.
Les ressources des enfants sont décidément surprenantes. 

C’est ainsi que ma fille, fière, pu prendre son petit déjeuner avec la certitude qu’une bonne journée commençait. 

Bonne journée.

Ben quoi ?

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Commentaires
P
Il n'y a pas à dire : elle tient de son père !
S
y'a de tout...tendresse, morosité, humour, poésie...mais les "prouts", c'est aussi de la poésie !
F
j'adore.
A
Ah... Ma dose d'amour et de poésie quotidienne ! Comment ai-je pu faire pour m'absenter si loin de tes alexandrins pleins de verve et d'émotion si longtemps ?
J
Tu as raison, tous les coups sont permis (tous les cous aussi...)
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