Kronique N°10 - Des fêtes & défaites
Encore sous le coup du match d’hier après-midi, je suis
toujours circonspect face aux arguments des uns et des autres. Comment ça le
terrain, comment ça la chaleur ?
Je sors d’un Espagne – Ukraine (oui,
je fais reuteuteu si je veux) avec une victoire sans bavure de l’Espagne
4-0 et les 22 acteurs courraient encore bien correctement au bout du match.
Et pourtant, cela se déroulait encore plus tôt, à 15 h.
Et d’autre part, les professionnels de l’arbitrage ne rechigne
pas à comprendre la prestation du gugusse zélé d’hier et admette qu’un ballon
se dirigeant vers le but, interrompu d’une main tendue dans la surface, ne
découle pas d’un penalty. Pfff.
Le premier tour se termine avec un passionnant Tunisie – Arabie
saoudite avec toutes les équipes majeures en pôle position… sauf la France. CQFD.
Mais c’est à la fin qu’on connaîtra le résultat, peut-être dès dimanche. Pfff.
Le Brésil a été correct sans plus (hé oh, c’est mon avis hein bon) mais peut-être était-ce parce que je n’avais pas le temps de toujours voir le ballon dans les jambes brésiliennes.
Vous ne trouvez pas qu’une défaite doit avoir du style ?
Quitte à se faire éliminer, il faut avoir joué, il faut avoir
montré que le maximum a été fait et non pas que ‘vous allez voir, dès qu’on
sera au prochain match…’.
Dans le souvenir des équipes de France précédentes, j’ai l’impression
que les épisodes Platoche étaient un remake de l’air ‘Et mourir de plaisir’. Mais
ils mourraient quand même à la fin.
Or c’est faux, Platini a lui aussi été décrié, à l’entrée du
Mondial 82 où on ne le jugeait pas forcément indispensable, en 86, malgré le France-Brésil,
ce fut une défaite sans arme et sans essence en demi-finale.
Que garde t’on alors dans nos mémoires sélectives ?
L’époque du Mondial 58 en Suède gardera une superbe épopée
inattendue et un buteur Fontaine pas près d’être détrôné avec ses 13 buts au
compteur quand les meilleurs des éditions suivantes tournent à 5 ou 6 pour l’ensemble
des matchs. Mais je suis trop jeune (c’est beau de le dire) pour avoir d’autres
références.
Puis la traversée du désert.
Puis les années Platini avec aussi le carré magique qui
construira Séville, l’Euro 84 et ce 86 incomplet.
Puis un autre vide ponctué par cet extraordinaire France –
Bulgarie de 93.
Puis la génération Zidane arrive juste après, comme pour
relancer un nouveau cycle qui dure depuis dix ans désormais et s’achèvera dans
dix jours ou trois semaines.
La logique française, puisque nous n’avons pas ce pouvoir
brésilien de n’avoir jamais raté la compétition majeure et de savoir rebondir,
veut qu’une nouvelle traversée vide de sens débute, en attendant la percée d’un
nouveau numéro 10 si cher au jeu français.
Je me demande si nous avons évolué.
Je me demande s’il y a une logique finalement.
Pourquoi ai-je encore ce petit truc au fond qui m’affirme que
tout cela ne tient qu’à pas grand-chose pour tout tourne du bon côté. Un poteau
rond du bon côté, un penalty sifflé.
La frontière entre une élimination au premier tour et la coupe
Jules Rimet me parait très fine.
Mais bordel, si nous perdons, qu'on le fasse avec panache.
Et n'oubliez pas que: Cette Kronique peut être la vôtre ! Racontez nous / vous à
travers le Mondial et votre vie trépidante ! Un petit e-mail à Barnabé (barnab@tiscali.fr) et vous êtes publié ici, quelle
chance, le succès assuré, la gloire et la beauté !
(sans blague hein, c'est vrai)