Kronique N°33 – La veste
Le pays passe devant le Brésil aux statistiques de la Coupe du Monde.
Il n’est plus question de la chance réussite de 86, des
circonstances du pays organisateur de 98, le match du 1er juillet 2006 a été d’une perfection
rare dans la maîtrise de son sujet.
Ronaldo, Ronaldinho, Kaka, Juninho, Gilberto Silva, Zé Roberto,
Cafu, Roberto Carlos, Juan, Lucio, Cris, Gilberto, Robinho, Adriano, Fred,
Ricardinho, Mineiro, Emerson, Ceni, Julio Cesar, Luisao, Cicinho.
N’importe lequel de ces brésiliens aurait une place de choix
dans n’importe quelle équipe de club. Les onze titulaires d’hier sont des
pièces maîtresses des plus grands clubs européens : Bayern, Barcelone,
Milan et Inter, Real Madrid, Lyon…
Ils rentrent au pays de Pelé, sauf un ou deux comme Ronaldinho
qui ne veut pas affronter le peuple déçu et reste en Europe.
Ce qu’il y a de respectable avec le Brésil, c’est qu’on ne
pourra jamais leur enlever les cinq premières étoiles, toutes leurs finales,
leurs formidables joueurs, leurs spectatrices, leurs fêtes et l’image du
football qu’ils véhiculeront à vie.
Mais hier soir, j’ai vu un Zidane à une hauteur incroyable, un
bloc équipe soudé et une maturité dans la gestion de l’évènement.
L’approche du match est une source de stress évidente. Ma femme
avait beau me dire de penser à autre chose, elle est caustique, comment faire ?
Trois confrontations jusqu’avant-hier qui ont accouché de
matchs références pour les générations et j’étais à l’aube de la quatrième.
Je respectais le protocole du spectateur qui réussissait si
bien depuis le Togo. Comment avoir eu peur du Togo il y a 10 jours ? La montée
en puissance est réelle et nous en doutions –presque-.
Nous parlerons du Portugal plus tard, ne boudons pas notre
plaisir.
A la 57ème minute et la reprise de Henry, je levais
les bras, en silence. Mon alter ego piétinait le carrelage nerveusement sans un
bruit non plus. Les cornes de brume s’activaient chez les voisins.
Je restais les bras en l’air, suspendu au moment.
Les trente-six minutes restantes furent pour le chronomètre
alors que la France
gérait parfaitement (une seule frappe du Brésil pendant l’ensemble de la
partie). Je me projetais déjà vers le match suivant.
L’Histoire est en marche … non, non, je ne dois pas y songer.
Mais le match d’hier fut parfait. Je répète ‘parfait’ car il n’y
a pas d’autre mot.
Les klaxons ont résonné jusqu’à une heure du matin dans un
petit village picard. J’imaginais les grandes villes et le retour aux frasques
de 98.
Les médias et journalistes commencent à retourner leurs vestes,
ils vont être dithyrambiques pour les vieux bleus qu’ils attendaient presque d’enterrer
hier.
Il en aura fallu de peu.
Défaite en poule, le bilan aurait été catastrophique, honteux.
Défaite contre l’Espagne, le bilan aurait été insuffisant et
mauvais.
Défaite contre le Brésil, l’essentiel était sauf.
Le journaliste ne parlait que de bilan avant la défaite qui ne
manquerait pas d’arriver.
Je vois désormais de l’optimisme et la volonté d’imposer
Raymond après la compétition.
Les membres de l’équipe de France auront toujours parlé de leur
objectif : 9 juillet.
Quoi qu’il arrive, il reste deux matchs. Rien n’est fait donc.
Et puisque ça continue, nouvelle séance de rattrapage technique pour les dames (faut cliquer).