Le Kloug de nos vies
La situation est stabilisée, drôle d’équilibre instantané
qui m’emmène à voir ceux qui restent.
Ce n’est l’image que je pouvais m’en faire il y a quinze
ans mais finalement, tout bien réfléchi sur le reculoir, des prémices m’indiquaient
déjà ce qui serait.
N’empêche qu’il y a celui avec lequel tout semble clair, celui
dont l’absence me manquait sans doute plus la mienne à lui, celui dont j’ai des
nouvelles de vie par mes parents (ce qui est, convenons-en, un signe mauvais)
et bien d’autres qui déménagent, sont à des centaines de kilomètres mais me
paraissent intimement plus proches.
Dans l’équilibre de chacun s’installe ce rythme vital qui
ne tourne plus autour des mêmes planètes. N’ayant jamais été un soleil
Galiléen, j’ai été ce satellite changeant d’orbite au gré de ses besoins,
forcément quelquefois égoïste.
Et puis tout est question de rythme. Vous savez ce rythme que
l’on suit dans les périodes, saisons ? : 10-15, 15-20, 20-25 et un
bon 25-35 qui continue aujourd’hui.
De bilan, je crois pouvoir le construire par tranche de
cinq années. Un jour, je le referai (ferai ?).
Ma vie d’adulte s’est forgée de petites choses jusqu’à
elle. Je rentrais dans ma tranche 25-aujourd’hui. Tout se confirmait avec le
petit lui, puis la petite elle.
Et pendant cet espace temps que je vivais, une bonne
quarantaine de saisons, tout changeait, se nuançait autour de moi. Je m’en
apercevais, je ne l’acceptais pas toujours, je répartissais mes moments avec
mes priorités.
De ces deux groupes qui auraient pu se dissoudre, tout n’est
finalement pas si mal. S’agit-il encore de ces groupes qui ne pensaient dans l’unanimité
ou presque ou plutôt désormais d’une addition de caractères forgés tolérants
qui savent d’où ils viennent et qui essayent de gérer la direction à suivre.
Vous savez que les amis sont importants, que l’amour est
essentiel. Que les deux doivent se maintenir pour pouvoir s’épanouir aussi bien
que possible.
Enfin, c’est un gars qui n’avait pas encore compris qu’il n’avait
plus trente-cinq et qui vient de se rendre compte que dans deux gros mois, c’est
trente-sept qui tapera à la porte.
Et j’aime toujours autant ces moments de pauses que je m’octroie
pour ressasser ces mêmes conclusions, ou presque.
C’est un presque hallucinant tout bien pensé. Un presque
qui fait tout la différence entre la note du jour et ces autres d’il y a un
mois, deux ans…
Petites touches nuancées que l’on tente de poser, de
photographier.
Elle a retrouvé une déclaration écrite que j’avais oublié –enfin,
pas tout à fait-.
Ce matin, j’ai fait une série d’abdominaux (si, quinze, c’est
une série) puis j’ai arrêté grâce à cette force d’auto-persuasion que nous
savons développer pour obtenir la satisfaction de l’effort fourni.
Quarante cinq minutes dans la forêt auparavant me
suffisaient.
Et bien mes muscles circulaires avaient déjà réagi, ils
étaient durs, enfin, contractés momentanément. J’avais beau regarder ma simple bedaine,
pas de changement. Je tâtais. Effectivement, mou dessus, dur en dessous. Comme
un kloug inversé.
Et après ces constatations matinales, comment voudriez vous
que je ne philosophe pas ?
Nos vies, c’est un peu ce kloug inversé. Nous avançons sur
une couche molle, un peu, beaucoup et au dessous, il doit y avoir ce sol dur
qui nous sert de base, d’histoire et qui s’épaissit au fur et à mesure que s’ajoutent
de nouvelles épaisseurs.
Bien à vous.